« u vas rencontrer un druide ? Mais ça n’existe plus ! N’en soyez pas si certains… » Suivez mes pas, je vous amène à la rencontre de Jean Claude Cappelli, un druide quelque peu ordinaire, installé en forêt de Brocéliande.
Le druide dans l’imaginaire collectif
Mais au fait, qu’est-ce qu’un druide pour vous aujourd’hui ? Nombre d’entre nous, ont en tête l’image du druide Panoramix dans Astérix : Cet homme à la barbe blanche muni d’une faucille, qui concocte des potions magiques. Pour Clémence, il serait plutôt à l’effigie de Merlin dans Kaamelott. Une sorte de magicien un peu farfelu. Il est selon ses dires, dans la série, capable de se transformer en toutes sortes d’êtres vivants comme en chat, en araignée, ou en Jules César, mais pas en corbeau ! Sonia, quant à elle, le voit comme un ermite refusant la société moderne et tout son confort, un peu comme les Amishs. Elle l’imagine méditant au milieu de la forêt, et ramassant des plantes dans des coins tenus secrets, afin de préparer des concoctions magiques. Pour Sally, il représente la sagesse avec ses cheveux grisonnants et son grand âge. Et si c’était presque ça ?
Quel mystère se cache derrière les « néo druides » ?
J’ai eu la chance de rencontrer Jean Claude Cappelli, un druide installé en forêt de Brocéliande, qui m’a éclairé sur le sujet et a fait tomber certains préjugés. Le premier est que les druides ne portent pas tous des noms farfelus. En effet, on peut être druide et s’appeler Jean Claude…si si ! Le second est que ce ne sont pas les druides qui ont érigé les dolmens. Ceux ci existaient bien avant leur apparition. Etre un druide aujourd’hui, c’est plutôt, et avant tout, un travail de mémoire, car il n’y a pas ou presque pas d’écrits. Le druidisme s’est transmis oralement depuis la Celte antique. C’est aussi vivre en harmonie avec la nature et les saisons qui l’accompagnent. Les fêtes druidiques en sont l’exemple même : Samonios qui a lieu le premier novembre est un moment où les forces de la natures diminuent. Le rituel est d’éteindre un feu en pleine nuit, pour obtenir une obscurité totale afin de se rendre compte du vide et en rallumant ce feu, de sentir en nous, notre feu intérieur renaissant. Il nous permet de faire la transition entre l’ancienne et la nouvelle année, et de se débarrasser de nos « feuilles» mortes. Rien de tel qu’une petite vidéo, afin de de vous familiariser avec un druide actuel.
Morgane, nez à nez avec un druide
Morgane : « Mr Cappelli, on a quand même quelques questions… Quel a été le déclic qui vous a dirigé vers cette voie?
Druide : J’ai envie de vous répondre par la boutade bien connue: « Je suis tombé dedans quand j’étais petit »… En fait, c’est par l’Histoire que m’est venue cette passion pour le monde celte. Ceux qui ont mon âge canonique sont passés par l’Ecole de la République qui nous a enseigné « Nos ancêtres les Gaulois ». Et en fait, c’est par là que tout a commencé. Et puis je suis né quasiment au pied du Mont Beuvray, près d’Autun, que j’ai eu sous les yeux pendant toute ma jeunesse. C’est au sommet de ce mont que se situait Bibracte, la capitale des Eduens. Et c’est dans cette cité gauloise que Vercingétorix fut élu à la tête de la coalition gauloise contre Rome. Je suis né dans une famille catholique et, à l’époque, on avait guère le choix de ses convictions religieuses. Parvenu à l’âge adulte, j’ai délaissé cette religion qui ne me satisfaisait pas, et à ma passion historique pour le monde celte s’est petit à petit ajouté l’intérêt pour sa spiritualité et sa philosophie. Et puis un beau jour, sans trop savoir pourquoi, s’est imposé à moi le désir impérieux de devenir druide, sans vraiment trop savoir ce que cela représentait d’ailleurs à notre époque. En fait de déclic, il n’y en a jamais eu. J’ai l’impression d’avoir été porté vers le druidisme dès ma plus prime jeunesse. Mon père, d’ailleurs, quand j’étais petit, ne m’appelait jamais par mon prénom, mais « marcassin ». Traditionnellement, le marcassin est l’élève du druide qui est lui-même un sanglier…
Morgane : Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Druide : Deux hommes, deux druides bretons ont été mes « mentors »: le premier, Gwench’lan Le Scouezec, ancien Grand Druide de Bretagne. J’ai eu la chance de débuter en druidisme au sein d’un petit collège ésotérique qu’il avait fondé en parallèle à la Gorsedd de Bretagne, « Ceux du Pommier ». J’ai participé pendant deux ans aux célébrations de ce groupe discret sans être initié. Le second, Rémi Chauvet, alias Myrddhin, harpeur bien connu : à l’issue de ces deux ans, je l’ai rencontré, et c’est lui qui m’a conféré l’initiation du début jusqu’à la fin. A part ces deux hommes remarquables, aucun druide ne trouve grâce à mes yeux aujourd’hui…
Morgane : Comment un druide justifie-t-il sa fonction aux yeux de la société?
Druide : Pour qu’il puisse la justifier aux yeux de la société, il faudrait qu’elle le reconnaisse. Ce n’est pas le cas aujourd’hui en France. Il y a des tentatives, de la part de certains druides d’aujourd’hui, de se fédérer afin de pouvoir se faire reconnaître comme membres d’une religion minoritaire. En Angleterre, le druidisme est reconnu depuis 2010. Nous sommes malheureusement, la plupart du temps, considérés comme membres d’une secte. Pour moi, « justifier » ma fonction de druide aux yeux d’une société qui ne me reconnaît pas en tant que tel, c’est par mes idées et mes actes que je tente de le faire. C’est pourquoi j’accepte la médiatisation que d’autres de mes confrères refusent. Et puis j’exerce mes convictions et mon sacerdoce dans le cadre républicain qui est celui de notre pays. Par exemple, je refuse de marier des gens qui ne sont pas passés par la mairie. Je me dis que c’est en agissant en toute transparence, en exposant clairement nos convictions, nos positions, en faisant voir, somme toute, que nous sommes des gens paisibles que nous arriverons un jour à pouvoir nous faire reconnaître. Et puis, un druide justifie tout simplement son existence par le principe de liberté de conscience que notre république dit pouvoir garantir…
Morgane : Quel est votre travail principal ?
Druide : J’aime que vous me posiez cette question car, si les druides antiques pouvaient vivre de leur sacerdoce, je considère que cela n’est plus possible aujourd’hui. Tout ce que je fais, à part mes livres, je le fais gratuitement, ou plutôt bénévolement. Toutes mes prestations sont soumises à une participation financière qui doit être versée à une association caritative. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être à la retraite, mais j’étais enseignant; pas en Histoire, pas en Philosophie, mais… en Génie Mécanique… Beaucoup de mécanique… pas beaucoup de génie. »
Du génie il en faut sans doute pour être druide et comprendre les multiples facettes de Dame Nature. Mais ce génie est en nous tous, nous dit Jean Claude, il suffit de « devenir axé et faire que le monde qui tourne autour de nous s’harmonise en paix ».
Pour en savoir plus sur les nouveaux druides, c’est par ici.